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A la suite de la disparition de ce studio, la
belle équipe se place sous la houlette de l'homme-orchestre du beau
Journal de Spirou : Joseph Gillain, alias Jijé. La Bande des 4 (Jijé,
Franquin, Morris et Will) est formée. Ils habitent et travaillent
ensemble. Tous profitent des conseils du génial Joseph. Celui-ci
confie à Franquin la reprise de Spirou auquel il vient d'adjoindre
Fantasio, ce qu'il fait en dessinant le Tank, une histoire complète
en 12 pages (publiées dans l'Almanach Spirou 1947), puis, en reprenant
au pied levé et à partir de la 6ème planche, les Maisons préfabriquées
(voir l'album Radar le Robot aux éditions Dupuis en 1977). Parallèlement,
il réalise de nombreuses illustrations tant dans l'hebdomadaire
Spirou que dans Le Moustique, Plein-Jeu et Bonnes Soirées.
Parallèlement, il réalise de nombreuses illustrations
tant dans l'hebdomadaire Spirou que dans Le Moustique, Plein-Jeu
et Bonnes Soirées. En 1948, le quatuor se rend aux Etats-Unis et
au Mexique. De retour en Belgique, Franquin épouse Lilane, la femme
de sa vie, et se consacre entièrement au personnage de Spirou. Il
donnera à la série toute son étoffe et ses plus beaux personnages
: le Comte et le Maire de Champignac, Zorglub,... Le 31 janvier
1952, au cours de l'épisode "Spirou et les héritiers", il fait intervenir
le Marsupilami, l'un des animaux imaginaires les plus fabuleux du
9ème art. Suite à un différend avec l'éditeur Dupuis, Franquin travaille
à la fois pour Spirou et pour Tintin. Pour l'hebdomadaire de Raymond
Leblanc, il dessinera (de 1954 à 1959) l'exquis "Modeste et Pompom".
Présentée sous forme de gag en une page, cette série l'oblige à
une présentation sobre et efficace. Une exigence qu'il fera sienne
durant toute sa carrière.
"Modeste et Pompom" annonce ce qui sera son
personnage le plus populaire : Gaston Lagaffe. En 1957, l'ancêtre
de tous les anti-héros, fait son apparition dans Spirou. En 1968,
Franquin décide d'abandonner Spirou et Fantasio, confiant alors
la série à Jean-Claude Fournier, pour se consacrer totalement au
fiancé de Mademoiselle Jeanne. Après 14 titres chez Dupuis, un nouvel
album est en cours de préparation (100% Franquin) chez Marsu Productions.
En 1977, avec Yvan Delporte, il crée Le Trombone Illustré, supplément
autonome du Journal Spirou, et il y conçoit ses premières "Idées
Noires". A la disparition du Trombone, Fluide Glacial prendra le
relais pour accueillir ces chefs d'oeuvre d'humour noir.
Les vrais génies ne s'endorment jamais et surgissent
là où on ne les attend pas ! Homme de tous les défis, il conçoit,
à l'aube des années 90, un univers destiné au dessin animé : les
Tifous. Dans le secret de son atelier, pour son plaisir, il croque
des milliers de "Monstres". Avec Gaston, le Marsupilami reste son
personnage favori. Ne décida-t-il pas d'en conserver les droits
lorsqu'il abandonna "Spirou et Fantasio" ? Longtemps, il cherchera
la bonne idée (et le temps) pour lancer le marsupilami dans le club
des héros à part entière. Quelques gags témoignent de ce désir.
En 1987, avec Batem et Greg, il décide de redonner
vie au Marsupilami. Une maison d'édition est créée pour cette noble
tâche : Marsu productions. Franquin continue à veiller au destin
du roi de la forêt palombienne. Il participe activement au développement
du scénario avec Yann et suggère à Batem nombre de compositions
graphiques. En 1992, Dupuis publie "Signé Franquin", un recueil
reprenant ses plus beaux paraphes. Franquin a, par ailleurs, corédigé
- avec Delporte et parfois Raymond Macherot - plusieurs épisodes
d'Isabelle illustrés par Will, puis Arnest Ringard dessiné par Frédéric
Jannin. Hergé dira de lui : "Quand je vois un Franquin, par exemple,
je me dis : "Mais comment peut-on nous comparer ? - Lui, c'est un
grand artiste, à côté duquel je ne suis qu'un piètre dessinateur"
(Numa Sadoul - ouvrage Tintin et moi aux éditions casterman) ; si
ce jugement peut paraître un peu péremptoire, il témoigne cependant
de l'admiration du père de Tintin et Milou, envers l'un des plus
fabuleux représentants de la bande dessinée européenne. Le graphisme
d'André Franquin, vif et expressif, son humour inspiré, subtil et
intelligent, sa modestie légendaire, l'imposent en effet comme l'un
des plus incontestables chefs de file de l'école de Marcinelle (regroupant
les dessinateurs classiques du journal de Spirou). A l'image de
son maître Jijé, Franquin aime travailler avec des jeunes auteurs.
Serait-ce un des secrets de son éternelle jeunesse ?
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