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Jean
Roba naît le 28 juillet 1930 à
Bruxelles. De son enfance dans une banlieue maraîchère de Bruxelles,
il gardera une sainte horreur de dessiner les buildings, les aéroports
et la tour Eiffel. Sa vocation est extrêmement précoce : à trois
ans, il dessine des bateaux à l'envers - les mouettes en bas, la
mer en haut. Après avoir appris toutes sortes de techniques avec
les "vieux de la vieille" de la gravure et de l'imprimerie, il débute
vers 16 ans dans la publicité, qui s'appelle alors "la réclame",
comme dessinateur, puis chef de studio de création.

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Il collabore
à Spirou à partir de 57, avec des illustrations
pour "Bonnes Soirées", contes, nouvelles, etc... parmi celles-ci
une série intitulée "Sa Majesté mon mari" dont il reprend
l'illustration assurée jusque là par Albert Uderzo.
Pour Spirou, il dessina deux histoires
du fameux Oncle Paul, qui fut pour plusieurs dessinateurs une sacrée
école ! (sous les conseils d'Eddy Paape). A cela s'ajoute quelques
histoires en six, huit, ou douze planches comme Tiou le Petit Sioux,
Joe le Toubib, Les Frères Fratelli etc... Roba dessina et créa pendant
très longtemps les titres de présentation de la "Une" de Spirou.
Et puis, un jour, c'est le
choc : le grand Franquin l'appelle car il a besoin d'un assistant
pour travailler sur des épisodes de Spirou paraissant dans Le Parisien
Libéré : Tembo Tabou, Les Hommes Bulles et Les Petits Formats. C'est
dès cette époque que l'on vit apparaître la toute première arrivée
de Boule et Bill dans un "Mini-récit" de Spirou : Boule et les Mini-Requins
sur un scénario de Maurice Rosy.
En 59, alors qu'il publie un gag par semaine dans Spirou, son éditeur
lui dit : "Le gag hebdomadaire, c'est très dur. A la centième planche,
vous arrêterez." Il a depuis longtemps dépassé la millième.
Il faut dire que Roba, Franquin, Morris, Peyo et Tillieux se livrent
ensemble à ce qu'ils appellent des "séances de sueur" ; en cas de
panne de l'un d'eux, les autres passent la nuit chez lui à trouver
des idées et à émettre des calembours infâmes qui les faisaient
rire comme des baleines... sauf Morris.
Boule et Bill lui sont inspirés
par son fils et son cocker : une paire de bretelles et une tignasse,
une truffe bien cirée et quatre pattes munies de caoutchoucs antidérapants.
La vie de Boule et Bill consiste à faire des bêtises dans le jardin,
jouer, s'amuser, rejouer et rentrer faire des bêtises dans le salon.
Roba privilégie la gentillesse et la joie de vivre, et évite soigneusement
les nuisances : pas de maladies, pas d'enterrements, presque pas
d'instituteurs. Et c'est sans doute à ce bonheur sans nuages que
la série doit sa longévité : Boule et Bill, vedettes de Spirou,
héros de 21 albums chez Dupuis, viennent s'installer chez Dargaud
en 87 avec le même succès. Roba est aussi l'auteur des Aventures
de la Ribambelle (six albums parus entre 65 et 84) et de Pomme pour
Record en 62.
Boule et Bill a été traduit en
14 langues. Avouant sans honte que le monde adulte l'amuse moyennement,
Roba, très sérieusement nommé Chevalier des Arts et Lettres en 92,
retourne aussitôt attaquer le prochain Boule et Bill. "On est de
son enfance comme on est de quelque part", comme le dit si bien
Gilbert Cesbron. Il a définitivement choisi son pays et, à certains
moments, nous en sommes tous là : bien contents d'arracher des mains
d'un enfant un album de Boule et Bill...
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